Si vous n’avez pas lu les précédents articles sur l’inflation, vous pouvez les retrouver ici
L’inflation: les stratégies à mettre en place pour investir (1/3)
L’inflation: les stratégies à mettre en place pour investir (2/3)
L’inflation est un phénomène contre lequel il ne sert à rien de lutter, c’est une donnée avec laquelle il faut composer pour réussir ses investissements. En fait, il y a 3 stratégies à mettre en place :
1. Limiter le poids du cash dans votre portefeuille
- Nous avons vu que tout ce qui rapporte moins que l’inflation perd de la valeur en termes réels. Avec une inflation officielle de 2% (mais officieusement plutot supérieure à 4%), il faut donc limiter tout placement qui ne rapporte pas au moins 4%.
- Les livrets (A, LDD, comptes sur livrets,…) sont donc à utiliser uniquement pour votre épargne de précaution et à un horizon court terme.
- C’est vrai également pour le fonds en euro de l’assurance vie
2. Investir dans des actifs tangibles
- Les actifs tangibles sont l’immobilier, l’or, les actions, les forêts,.. c’est à dire des actifs qui ont une valeur intrinsèque.
- Dans le temps, on considère que les actifs tangibles ont la propriété de résister à l’inflation. Il y a bien sur de fortes variations possibles, selon les cycles, mais sur une durée longue, ils résistent.
- Cette résistance s’explique par le fait que si la masse monétaire augmente, ces actifs conservent leur valeur car leur nombre n’augmente pas dans les mêmes proportions
- L’or est un parfait exemple. On estime que la quantité d’or augmente de 1 à 2% par an. Donc si la masse monétaire augmente plus vite, le prix de l’or va augmenter (alors que sa valeur reste identique)
3. S’endetter, sur une durée la plus longue possible
- Dans son livre L’impôt sur le capital et la réforme monétaire, l’économiste Maurice Allais nous donne un exemple des conséquences de l’inflation selon que l’on s’endette ou non. C’est l’apologue des deux marchands de clous de Nuremberg
La ruine par l’inflation du premier marchand de clous de Nuremberg qui n’emprunte pasLa ruine par l’inflation du premier marchand de clous de Nuremberg qui n’emprunte pas
Au début de l’hyperinflation, un marchand de clous possède 10 000 kilos de clous dont chacun vaut 100 francs. Il les revend 200 francs le kilo et gagne ainsi un million mais quand il se réapprovisionne, le kilo de clous vaut 400 francs et il ne peut plus en acheter que 5 000 kilos. Dans la période suivante, il les revend 800 francs et gagne ainsi deux millions, mais, quand il se réapprovisionne, le kilo de clous vaut 1600 et il ne peut plus en acheter que 2 500 kilos, et ainsi de suite, jusqu’au moment où notre marchand de clous, après avoir gagné des sommes fabuleuses, n’a plus q’un clou… avec lequel il se pend.
L’enrichissement par l’inflation du second marchand de clous de Nuremberg qui emprunte
Au début de l’hyperinflation, un marchand de clous emprunte un million avec un taux d’intérêt de 10% avec lequel il achète 10 tonnes de clous au prix de 100 francs. Il les revend 200 francs le kilo, rembourse son emprunt en principal et intérêt et garde ainsi neuf cent mille francs, Les clous valent maintenant 40 francs le kilo mais il emprunte 6 millions au taux d’intérêt de 15% et peut ainsi acheter 17,25 tonnes de clous. Il les revend 800 francs le kilo et encaisse 13,8 millions. Il rembourse sa dette de 6,9 millions et il lui reste 6,9 millions. Le kilo de clou vaut maintenant 1 600 francs en gros, mais il emprunte 36 millions au taux d’intérêt de 42,9 et peut ainsi acheter 42,9/1,6 = 26 tonnes de clous et ainsi de suite. Notre marchand de clous est certes de plus en plus endetté en valeur nominale à des taux d’intérêt de plus en plus élevés, mais grâce à la hausse rapide des prix, ses gains sont de plus en plus élevés en valeur réelle, car son actif est constitué par des biens réels dont la valeur intrinsèque est préservée de l’inflation, alors que son passif est constitué par des dettes dont la valeur réelle ne cesse de diminuer avec elle.
- En situation d’inflation, le fait de s’endetter permet de s’enrichir car l’inflation va diminuer chaque année la valeur de la dette à rembourser
- En fait, l’inflation réalise un transfert de richesse au profit de ceux qui s’endettent et investissent dans des actifs tangibles et au détriment de ceux qui ne s »endettent pas et ne détiennent pas d’actifs tangibles
- Pour maximiser l’effet, il faut donc chercher à s’endetter sur la durée la plus longue possible (tant que les taux sont raisonnables) car plus le temps va passer, plus la dette aura perdu de sa valeur.
J’ai mis à jour en 2022 les stratégies à mettre en place pour protéger son patrimoine face à l’inflation
Bonjour,
Merci pour la richesse de vos articles.
Warren Buffet s’endette -t-il en période d’inflation? L’ a-t-il fait? Bruce B
erkowitz?
Warren a eu une période ou il s’est effectivement endetté dans les années 70. Mais dans ses proportions limitées, c’est surtout son compère Charlie Munger qui était beaucoup plus téméraire dans son effet de levier si j’en crois le livre « Snowball » que je suis en train de lire.
j’ajouterai juste qu’il faut s’endetter sur une durée la plus longue possible en effet, avec des taux raisonnables, et surtout des taux fixes !
Merci Tanguy pour cet article top concis.
Merci Nicolas,
sur une durée longue tant que les taux sont corrects en effet. J’en profite pour partager une astuce. Beaucoup de banques fonctionnent avec des paliers de taux par période. Le taux est ainsi souvent le meme entre 15 ans et 19 ans ou entre 20 ans et 24 ans. Ce qui fait que le taux à 19 ans est plus bas que le taux à 20 ans mais est le meme qu’à 15 ans. On peut profiter de cette régle pour s’endetter si possible sur 19 plutot que 20 ou 15.
Toutes choses étant égales par ailleurs car après tout dépend de la nature du projet qui est ainsi financé par de la dette…