Ça y est vous avez trouvé un super investissement, une action très sous-évaluée par le marché. Travail terminé ? Non, en fait le plus dur commence… Pour investir et réussir, il faut réussir à maîtriser ses émotions.
Écoutons ce que nous dit Seith Klarman, l’un des meilleurs gestionnaires value du monde.
Je crois que tout est dit dans ces quelques lignes. Et tout investisseur dans la valeur est confronté à la nécessité de maîtriser ses émotions pour réussir. C’est une discipline très exigeante et comme disait Peter Lynch « Vous avez besoin d’un bon estomac pour réussir, plus que d’un bon cerveau ».
1. La patience
Il faut bien réaliser que le marché n’a rien à faire de vos idées. Si vous avez identifié une opportunité, par exemple une action décotée, le marché ne vas subitement réaliser son erreur parce que vous avez acheté l’action. Pour Warren Buffet, c’est l’un des fondamentaux pour tout investisseur
“Je n’ai aucune idée de la direction future du marché; je préfère qu’il baisse. Mais ma préférence n’a aucune importance. Le marché ne sait rien de mes émotions. C’est la première chose que vous devez savoir sur les marchés. Vous achetez 100 actions de General Motors; maintenant vous avez tout d’un coup ce sentiment nouveau. Si l’action baisse, vous en serez peut-être malade. Vous pouvez vous dire: si l’action remonte à mon cours d’achat, alors tout ira bien dans ma vie. Ou si l’action monte, vous pouvez vous félicitez d’être aussi intelligent. Vous avez toutes ces émotions; mais le marché ne sait pas que vous détenez cette action »
Je parle ici de patience sur plusieurs années, pas sur une semaine ou trois mois. Et psychologiquement, il est très difficile de tenir des années avec un investissement qui ne rapporte pas alors que vos amis vont vous expliquer combien ils viennent de gagner avec tel ou tel investissement. Plus le temps passe, plus vous serez tenté de vendre.
En matière d’investissement, il n’y a pas de gains rapides, en quelques jours. Il faut laisser le temps agir. D’ailleurs Peter Lynch dit lui même que la plupart de ses gains sur les actions ont été fait entre la troisième et la quatrième année de détention. Posez vous la question avant d’investir: suis-je prêt à garder cette action pendant les 5 prochaines années même si elle ne monte pas ?
2. La discipline
Dès que vous êtes détenteur d’une action, votre capacité de jugement va être altérée. Vous allez essayer d’interpréter les nouvelles de la société en fonction de ce que vous souhaitez. Les mauvaises nouvelles seront relativisées ou ignorées et les bonnes nouvelles surestimées. C’est tout à fait humain.
Ce qui rend l’investissement difficile, mais aussi passionnant, c’est que nous devons contrôler nos émotions pour ne pas qu’elles remettent en cause nos plans initiaux. Par exemple, supposons que vous avez vu une action intéressante et que vous avez prévu de la garder pour le long terme. Si l’action commence à avoir de fortes variations de cours, vous allez être tenté de ne pas la garder car votre corps va réagir à la vision de cette volatilité. Hors c’est justement la capacité à gérer la volatilité qui permet de faire de bonnes performances. Si vous capitulez dans les phases de baisses, et investissez dans les phases de hausse, votre performance sera médiocre. Par contre si vous investissez à la baisse, lorsque la foule est pessimiste, alors votre fortune est faite.
J’utilise une technique pour me discipliner. D’abord, avant d’investir, j’écris en quelques lignes pourquoi j’achète une action. Cela me permet de m’y référer ensuite lorsque l’action baisse pour me rappeler pourquoi je l’ai acheté. Et me tenir à mon achat si la situation fondamentale de la société n’a pas changé. Cela évite de vendre parce que l’action baisse: il est tout à fait étonnant (mais humain) de voir le nombre de gens qui vendent « parce que ça baisse ».
3. La fore de caractère
Avec la meilleure patience et discipline du monde, il faut ajouter un dernier élément. C’est la capacité à ignorer la foule. Ce qui est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. En effet, même si votre investissement est bon, il suffit que le marché vous donne tort longtemps pour que vous passiez pour un imbécile. Jim Rogers ne dit pas autre chose dans son livre Leçons d’investissement d’un père à ses enfants.
La majorité a souvent tort selon lui, et les médias ont tendance à propager ces erreurs. Il donne l’exemple du baril de pétrole dans les années 1970 qui valait 3$. La majorité voyait le prix rester bas. Mais une analyse permettait de savoir que l’offre ne pouvait pas suivre la demande. Dix ans plus tard, le baril était à 35$. La majorité croyait à une hausse future. Mais l’exploration s’était beaucoup développée et le marché entrait en surproduction. En 1978 Jim vendit ses positions et ne revint sur le marché qu’en 1998.
Il cite le général Patton: « Si tout le monde pense la même chose, c’est que quelqu’un ne réfléchit pas ».
Conclusion:
Les meilleurs investisseurs du monde le disent: analyser correctement une action et l’acheter à bas prix ne suffit. Il faut aussi savoir contrôler ses émotions, faire preuve de patience, de discipline et de force de caractère pour réussir.